04 avril 2009

Courtois et même chevaleresque

Un nouveau texte de méditation, à propos de la courtoisie et de l'esprit chevaleresque du scout et bien sûr du routier. Il éclaire ces deux vertus qui sont, je pense, méconnues. Toujours du même auteur que les textes de médit' précédants. Bonne lecture et bonne méditation.

Thibaud


« Il est aussi beau de peler des pommes de terre pour l'amour du bon Dieu que de bâtir une cathédrale » disait Guy de Larigaudie. La façon de donner vaut souvent plus que la nature du don.

Pas d'esprit chevaleresque par exemple sans courtoisie qui est son acolyte obligé, comme le sourire l'est de la joie chrétienne: rites naturels de notre charité et de notre humilité.

L'oubli de soi dans les petits moments – s'effacer devant plus âgé, céder sa place, offrir ses services, respecter les dames et les jeunes filles...- dispose au don de soi dans les grandes circonstances. Les petits choix héroïques de chaque jour favorise le choix d'une vie.

La vertu militaire du chevalier, prêt à sacrifier sa vie pour celle et ceux qu'il aime, est comme l'accomplissement ultime de cette morale de l'amour qu'était au Moyen-Age la courtoisie.

Lorsque l'amour délaisse la morale, c'est comme la vie quittant un corps: il ne reste plus qu'un cadavre désarticulé de moralité, un code absurde de faux savoir-vivre. Aussi inutil qu'un rire artificiel...

Si la courtoisie n'est pas animée par l'amour et le respect du prochain, elle devient vite pure convention et tourne au pharisaïsme. N'en conclus pas pour autant qu'il faille être discourtois ou t'abstenir de politesse quand ton entourage te déplaît fortement! Au contraire. Car si vouloir prier c'est déjà prier, pensait Pascal (qui conseillait aux libertins de d'abord tomber à genoux), « vouloir aimer, c'est déjà aimer », disait de père Foucauld.

Et l'évangile nous demande précisément d'aimer ceux qui ne nous aiment pas ou que nous n'aimons pas spontanément: « Si vous ne saluez que vos frères, que faites vous d'extraordinaire? Les païens eux même n'en font-ils pas autant? » (Matthieu 5,47)

Le scout est l'ami de tous...: ta courtoisie envers un « adversaire » n'en sera que plus belle, le signe de ta volonté de charité. C'est l'intention surtout, qui mesure la beauté d'une action.

« Le remède d'aimer, c'est d'aimer davantage » ( Marie-Noël)

C'est cela aussi l'esprit chevaleresque: estimer son ennemi, ou, par une marque de respect, rappeler au clochard de la rue ou à la femme du trottoir leur dignité enfouie. La courtoisie n'est pas de n'être courtois qu'avec les bons et les belles! Ou cela ressemble à de la grossièreté...

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